" Psychanalyse et politique, politique de la psychanalyse"
les 23 et 24 juin 2012 à Lille
Le sujet de l’inconscient freudien ne peut s’envisager indépendamment des discours qui l’instituent. Pour cette raison, la psychanalyse est une pratique qui touche au plus près à ce qu’on appelle « le politique ». De la Psychologie des foules, à L’homme Moïse, en passant par l’Avenir d’une illusion et le Malaise dans la civilisation, Freud le premier a mis l’accent sur la dimension politique de son invention. Et Lacan après lui n’a fait qu’en souligner la portée. On se souvient de son affirmation « L’inconscient c’est la politique » et de l’écriture des quatre discours qui en est le développement.
Tous deux prennent cependant bien soin de ne pas se prononcer explicitement quant à une éventuelle incidence politique de l’expérience. Cette position reste-t-elle tenable ? Parvenir au « malheur ordinaire » grâce à une analyse, cela change-t-il quelque chose dans le rapport d’un analysant au monde, aux institutions, aux pouvoirs ? Qu’il n’y ait pas de réponse a priori à cette question ne nous interdit pas de la poser, mais nous invite au contraire à penser en quels termes aujourd’hui elle pourrait se formuler. Si la psychanalyse touche bien au rapport du sujet au politique, en retour les diverses pratiques du pouvoir ne se contentent pas d'ignorer l'inconscient freudien (c'est ce que nous pourrions espérer de mieux). Elles cherchent à l'exclure du champ des possibles par des attaques qui prennent de nombreux aspects : depuis les textes ou documentaires calomniateurs, jusqu’aux projets d’interdiction de la psychanalyse pour les autistes. La forme la plus achevée de cette volonté d'éradication de la psychanalyse est sans doute à l’heure actuelle la psychologisation généralisée, conforme aux idéaux néo-libéraux d’autonomie. C'est dans cette perspective qu'il faut envisager les récentes péripéties liées à la reconnaissance du titre de « psychothérapeute ». Cette conception entretient, à l’envers de la psychanalyse, la fiction d’un individu autonome, standardisé, hyper-adapté et responsable, considéré indépendamment de ses attaches institutionnelles, sociales et politiques. Comment dans un tel contexte penser une politique laïque de la psychanalyse ? Comment à l’heure du néo-libéralisme soutenir une conception du sujet qui en maintienne l'opacité et la singularité ? ⌘ ⌘ ⌘ ⌘ |
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